Sangliers : le cri d’alarme de Willy Borsus
Le Ministre de l’Agriculture Willy Borsus lance un cri d’alarme. La population de sangliers a quadruplé en 30 ans en Wallonie et présente un réel danger pour les agriculteurs. Willy Borsus a déjà interpellé la Région wallonne compétente en la matière à plusieurs reprises.
Les sangliers prolifèrent dans les forêts wallonnes. Et pour cause : une population de sangliers présente un taux d’accroissement naturel annuel allant de 80 à 200%.
Le surnombre de sangliers a plusieurs conséquences :
- environnementales : le sanglier est omnivore et a un impact négatif sur la régénération de la forêt et perturbe les écosystèmes ;
- sanitaires : le risque de contamination des animaux d’élevage augmente suite à la prolifération des sangliers de la faune sauvage ;
- économiques : les dommages dans les cultures augmentent chaque année.
- humaines : l’augmentation des accidents routiers représente aujourd’hui un risque sans précédent.
Cette surpopulation entraine des difficultés pour les agriculteurs wallons qui en ont fait part au Ministre. Certains agriculteurs connaissent des pertes qui atteignent jusqu’à 10 % des surfaces cultivées. Le Ministre s’est d’ailleurs rendu sur place pour constater les dégâts. Diverses solutions pourraient être étudiées pour modifier la législation (étendre les périodes de chasse, encourager les plans de tirs...).
Pour rappel, environ 25.000 sangliers sont tués chaque année en Wallonie, soit le nombre d’animaux présent au printemps avant les naissances.
Willy Borsus a déjà interpelé le Ministre wallon de l’Agriculture René Collin[1] à plusieurs reprises sans succès. C’est pourquoi il lance aujourd’hui ce cri d’alarme : « Je soutiens bien entendu la chasse ainsi que les importants efforts déjà réalisés par les chasseurs mais sans actions concrètes supplémentaires pour réduire le nombre de sangliers, ce sont encore une fois nos agriculteurs qui vont subir dramatiquement les conséquences d’une situation qu’ils n’ont pas souhaitée. Alors que le secteur agricole traverse déjà une crise sans précédent, il est complètement anormal de faire peser sur eux des pertes supplémentaires. J’exhorte le Ministre Collin à rétablir rapidement un équilibre ‘agro-sylvo-cynégétique’ sur le terrain.»
Vecteurs de maladies
Les sangliers sont vecteurs de maladies qui risquent d’impacter une fois de plus les agriculteurs. En décembre dernier, dans la région de Gerpinnes (Province de Hainaut), un jeune chien est mort des suites d’une infection par le virus de la maladie d’Aujeszky. Le chien de chasse avait mordu un sanglier blessé lors d’une battue. Le virus de la maladie d’Aujeszky est présent chez un sanglier sur 4. Il s’agit donc d’une maladie endémique qui risque de se transmettre aux porcs alors que la Belgique est officiellement indemne pour la faune domestique.
Cette maladie, ainsi que l’apparition en décembre d’un foyer de brucellose bovine à Brucella suis, dont l’origine se situe au niveau des sangliers, font prendre conscience des différents risques pour les animaux de nos agriculteurs. Pour diminuer les risques, il est donc impératif d’éviter tous contacts entre la faune domestique, et les abats d’animaux sauvages, qui représentent le risque le plus important de transmission de pathogènes. Là encore, des actions doivent être encouragées par la Région wallonne.
Faune sauvage versus faune domestique
Par ailleurs, notons que dans le cadre de ses compétences, l’AFSCA accorde une attention particulière aux maladies véhiculées entre faune sauvage et faune domestique (agriculture) en vue de protéger cette dernière. C’est pourquoi l’AFSCA est à l’origine de la création d’un groupe de travail appelé « WildLife » qui rassemble des experts des administrations concernées par la santé animale (AFSCA, SPF Santé Publique, Services Publics régionaux) et des institutions scientifiques et laboratoires (CODA-CERVA, ARSIA/DGZ, ULg, UGent, Institut de Santé publique).
La problématique du risque constitué par l’abandon des entrailles de sangliers tirés à la chasse, et en particulier la question de la maladie d’Aujeszky et de la brucellose, ont été abordés lors de la dernière réunion plénière du groupe en décembre dernier. Tous les participants s’accordaient sur l’importance à donner à cette problématique qui constitue un point d’attention majeur. L’AFSCA et le groupe WildLife encouragent donc les différents acteurs à agir afin d’éviter tous cas de contamination originaire de la faune sauvage. La première règle pour y parvenir est l’évacuation, en vue de leur destruction, des abats de sanglier (et des autres espèces) lors des chasses. Cette mesure empêche les contacts avec la faune agricole/domestique et la dissémination du pathogène par les carnivores sauvages.
Outre cette mesure générale, les responsables d’animaux doivent adopter des mesures de biosécurité permettant d’éviter tous contacts entre leurs animaux et la faune sauvage, en particulier les chiens (les chiens de chasse représentent actuellement la population carnivore la plus exposée vis-à-vis de la maladie d’Aujeszky), les porcs (attention toute particulière pour les porcs élevés en plein air) et les bovins (la Belgique a connu deux cas de brucellose bovine à Brucella Suis ces dernières années, en 2012 en Province de Namur et en 2016 en Province de Luxembourg).
[1] Pour rappel, en Belgique, l’Etat fédéral est compétent en matière de santé animale pour la faune domestique, alors que les Régions le sont pour la faune sauvage.