Communiqué de presse

Conseil européen des Ministres de l’Agriculture : une situation économique qui s’améliore, mais une fermeté sur les cas de fraude

Le Conseil européen des Ministres de l’Agriculture abordait hier la situation des marchés, le règlement BIO et le suivi du cas de fraude relative à la viande au Brésil (notamment).

Les Etats membres et la Commission européenne se sont exprimés aujourd’hui sur trois dossiers importants pour les agriculteurs belges et européens.

Situation des marchés

La Commission a présenté ce mardi un bilan chiffré des produits agricoles suivants (entre autres) :

  • Lait :
    • Le prix moyen européen du lait payé aux producteurs a augmenté par rapport à 2015 mais légèrement diminué depuis le début de l'année et s’élevait en avril 2017 à 33,2 cents par kilo ;
    • Le prix du beurre atteint dernièrement un nouveau prix record en s’élevant à présent à 490 euros pour 100 kg  ;
    • Le prix de la poudre de lait a augmenté légèrement ces dernières semaines pour atteindre 192 euros pour 100 kg mais ce prix reste proche du prix de l’intervention ;
    • En 2017 : 8.000 tonnes de poudre de lait ont  été stockées à l'intervention. Ce montant s’ajoute au 350.000 tonnes déjà stockées en 2016 lors de la crise laitière ;
    • De manière générale, les exportations de lait sont à la hausse depuis début janvier 2017. L’exportation de beurre vers les Etats-Unis a notamment augmenté de 50%.

La Commission entend rester très prudente concernant la remise sur le marché des 358.000 tonnes de poudre de lait écrémé stockées à l’intervention afin d'éviter toute nouvelle difficulté sur les prix.

  • Viande bovine : la situation s'améliore légèrement depuis les premiers mois de 2017 et les exportations sont dynamiques en Afrique, Asie et vers les pays Méditerranéens. Cependant, le Commissaire s’est dit conscient que de nombreux  producteurs souffrent toujours de difficultés financières et conçoit des difficultés dans certaines niches.
  • Porc : la reprise est excellente depuis mai 2016 : les exportations sont à la hausse (+ 8 %) grâce notamment à la demande de la Chine et de Hong-Kong.
  • Céréales : les prix sont bas mais les perspectives semblent positives : exportations de 40 millions de tonnes de plus depuis le début de l'année comparée à la même période l'année passée (càd + 10 %). Toutefois, le Commissaire s’est dit inquiet de la sécheresse actuelle qui touche une partie non négligeable de l’Union Européenne.

Par rapport à la mise en oeuvre du rapport de la task-force "marché agricoles" publié en novembre 2016 (rapport Cees Veerman), le Commissaire a annoncé qu’il fera des propositions très concrètes fin d'année (pratiques commerciales déloyales, loi de la concurrence…).

« Il s’agit d’un redndez-vous extrêmement important dont il faudra absolument faire une réussite », ajoute Willy Borsus.

Fraude viande avariée au Brésil

Le point lié au scandale sanitaire au Brésil était également à l’ordre du jour du Conseil. Le Commissaire a fait un état des lieux de ce dossier qui a été révélé en mars dernier suite à des cas de fraudes à la viande avariée brésilienne qui aurait été exportée vers l’Union Européenne.

Suite aux révélations des Autorités brésiliennes en mars dernier, la Commission avait décidé de réaliser 100% des contrôles physiques sur lots brésiliens importés ainsi que 20% de contrôles microbiologiques à charge des opérateurs. Au total, ce sont  4.416 lots de viande qui ont ainsi été contrôlés depuis avril par des laboratoires européens. Il s’est avéré que 108 lots se sont vus refuser l’accès au sol européen principalement à cause de la détection de salmonelles dans la viande de volaille.

Cependant, le Commissaire s’est dit très préoccupé par l’impact de la fraude et par le manque de coopération des Autorités brésiliennes. « Des actions immédiates de la part des Brésiliens sont nécessaires », a précisé le Commissaire.

Parallèlement, une visite d’inspecteurs européens a eu lieu début mai dans les abattoirs brésiliens. Cet audit a permis de constater des manquements systémiques dans le contrôle des établissements brésiliens et le non-respect des normes sanitaires européennes. Aussi, le Commissaire Andriukaitis a écrit début juin au Ministre brésilien de l’Agriculture, lui demandant :

- Le retrait de l’agrément de tous les abattoirs de chevaux qui étaient éligibles pour l’exportation de viande de cheval vers l’Union Européenne.  

- L’introduction systématique d’un contrôle microbiologique sur tous les produits de viande pré-exportés vers l’Union Européenne.

- L’interdiction de soumettre de nouvelles demandes d’opérateurs brésiliens pour l’export de viande vers l’Union Européenne.

Le Commissaire a également précisé qu’un audit de suivi sera effectué avant la fin 2017 et que si aucune amélioration de collaboration n’était constatée, la Commission prendrait des mesures appropriées supplémentaires.

Pour le Ministre de l’Agriculture Willy Borsus : « Nous devons être intransigeants sur les questions de fraude alimentaire et la Commission l’a bien compris. La sécurité alimentaire des consommateurs et la transparence des opérateurs doivent être assurées par tous les moyens. Il s’agit également d’une question de concurrence déloyale pour nos opérateurs . »

Règlement BIO

Depuis 2014, des discussions sont en cours au sein du Conseil en vue de réviser la réglementation européenne sur l’agriculture biologique. Rappelons que la Belgique s’oppose depuis plus de 2 ans au texte sur la table qui prévoit qu’un produit pourrait conserver le label BIO, même s’il contient des résidus de pesticides, ce qui n’est pas acceptable pour la Belgique.

Pour tenter de débloquer le dossier, le Commissaire Hogan a proposé que les Etats membres puissent garder leurs propres systèmes avec des seuils variables d’autorisation de résidus. Après 3 ans la Commission viendrait avec un rapport assorti de propositions. Cette proposition va à l’encontre du principe  d’harmonisation et de la position belge.

La Belgique a rappelé lors du Conseil sa position plus que réservée sur ce dossier. « Les propositions du Commissaire Hogan n’apportent aucune réponse à nos préoccupations. Le texte va dans la mauvaise direction depuis le début des discussions », a précisé Willy Borsus.

Au vu de la situation, la Belgique s’interroge plus que jamais sur l’opportunité de poursuivre les négociations. « Sans doute serait-il préférable de se concentrer sur les compléments à apporter à la réglementation en vigueur » a précisé, au nom de la délégation belge, le Ministre fédéral de l’Agriculture.

Lors du Conseil de ce mardi, une dizaine d'Etats membres ont émis des réserves sur le projet de règlement. Toutefois, la Présidence maltaise a annoncé qu'une nouvelle proposition sera transmise aux Etats membres avant la fin juin.